histoire et patrimoine

Il est en Provence des lieux qui, loin des modes et des engouement médiatiques d’une société avide d’authenticité, ont su préserver en toute discrétion l’héritage naturel et culturel sur laquelle s’assoit leur identité, tout en regardant l’avenir avec un esprit conquérant. Assurément, Maubec est de ceux-ci. Notre commune vauclusienne jouit, en effet, de par sa position de solides atouts naturels : la douceur du climat méditerranéen, l’immédiateté du Luberon, l’existence d’une plaine fertile dont nos viticulteurs savent tirer les meilleurs fruits, une situation géographique enviable qui la place, avec son hameau de Coustellet, sur la route d’Avignon à Apt (RD 900 , ex N100), à 10 km seulement de Cavaillon et 15 mn de l’autoroute A7 vers Lyon et Marseille, à 20 mn de l’aéroport d’Avignon et 30 mn de sa gare TGV.
Tous ces avantages ne sont pas pour rien dans le dynamisme démographique continu que connaît Maubec et qui se traduisent par autant de réalisations dans les services offerts aux Maubecquois que par des projets de développement économique ambitieux, qu’ils soient d’initiative privée, communale ou le fruit d’actions concertées au sein de la Communauté de Communes de Coustellet ou encore de partenariats avec le Parc Naturel Régional du Luberon ou le Conseil Général de Vaucluse.
Cette vitalité, notre commune la doit autant à ses administrateurs, qu’aux entrepreneurs, commerçants et artisans installés sur son sol ainsi qu’à ses dynamiques associations dont les efforts conjugués concourent à faire de Maubec une commune où il fait bon vivre.

Mais si Maubec s’inscrit si bien aujourd’hui dans son époque, elle le doit également à son long passé et son patrimoine naturel et monumental qu’oeuvrent à valoriser acteurs bénévoles et institutionnels pour le plus grand plaisir de tous.
Les plus anciennes traces d’occupation humaines recensées remontent au Néolithique final :
A. Dumoulin a relevé la présence d’un lieu de sépulture dans la grotte Maillet, en bordure du Luberon où il découvrit un vase, des parures de cuivre et des coquillages. Plus proches de nous, deux tombes à incinération d’époque gallo-romaine ont été découvertes en bordure de l’ancien chemin de Maubec à Robion.
Rappelons que l’actuelle RD 900 (ex N100) suit de près le tracé de l’antique via Domitia qui reliait l’Italie à l’Espagne.

Quelques dates importantes : 

Le village, attesté depuis le XIIIe siècle, a choisi pour s’installer l’éminence d’une longue colline étirée, parallèle au Luberon (Aucuns documents
antérieurs trouvés).
1251. Maubec est l’un des fiefs Venaissins du Comte de Toulouse : Alphonse de Poitiers.
1274. Trois ans après la mort d’Alphonse de Poitiers, le Comtat Venaissin est cédé, par le roi Philippe III au pape Grégoire X. Maubec, qui fait alors partie du domaine papal dépendra ensuite de son représentant, à Avignon, le Vice-Légat, et ce jusqu’en 1791, date à laquelle le Comtat est intégré dans « l’empire » Français.
Pendant ce temps, Maubec fut partagé et repartagé entre divers co-seigneurs qui se succédèrent dans la région. Le premier co-seigneur connu est Bernard de Claret, pour la moitié du fief. Suivront, 1316, Pierre Claret (son fils), 1324, Guillaume Bernond … et ce jusqu’à Bertrand de Taulignan.

Des origines de « Maubec » … Que signifie ce mot ? 

Le document le plus ancien dans lequel le nom de Malbec apparaît date de 1251. Il s’agit du parchemin original des Hommages à Alphonse de Poitiers, Comte de Toulouse, pour ses fiefs Venaissins, Malbec étant l’un d’entre eux.
Ce nom de Malbec aura plusieurs variantes (dont Malbeco, Malibecium, Malabeco) avant de se fixer, au XVIe siècle, en Maubec. Les explications anecdotiques voudraient que les gens de Maubec aient été de mauvaises langues en ayant « mauvais bec », ou que le village fût bâti du mauvais côté, entendu ici comme « l’ubac ». Plus sérieusement, les toponymistes qui se sont penchés sur les divers « Maubec » de France (Isère, Tarn et Garonne, Pyrénées-Atlantiques) sont d’accord pour rattacher « bec » au celtique, parlé par les Gaulois, avec la notion de rocher en saillie, de sommet voire de fortification.
Une seule certitude sur l’origine de ce mot, c’est qu’elle demeure obscure et aucune des étymologies invoquées, pourtant multiples, n’est vraiment probante : « mauvais becs » pour « mauvaises langues »? … « rocher escarpé » ? …

1477. Après diverses transactions, elle finit par être revendue, à la famille de Brancas. Les Brancas, nom d’une famille française qui tire son origine de la famille des BRANCACCI, l’une des plus anciennes de Naples (Italie) où les BRANCACCI occupent une situation importante dès le Xllème siècle. C’est sous Louis XII que les Brancas se séparent en différentes lignées les Brancas de Forcalquier les Brancas, Marquis de Courbon et Compte de Rochefort les Brancas, Baron de Villeneuve les Brancas, seigneurs d’Oyse, Ducs de Villars.
C’est durant cette période du XVe siècle (entre 1465 et 1480) que les Vaudois, en provenance des Alpes et du Pièmont, s’installèrent au village.

1529. Gaucher de Brancas devint seul seigneur de Maubec, après avoir acheté l’autre moitié à la chambre apostolique d’Avignon. Trois ans plus tard, ce seigneur passa accord avec la Communauté pour le partage des droits sur les terres.
Dès lors, et jusqu’à la révolution, la seigneurie appartint à la puissante et illustre famille de Brancas-Villars.
Le château, incendié en 1562, pendant les guerres de religion, par des protestants conduits par le baron des Adrets (Huguenot à cette époque de sa vie), restauré ou reconstruit, comportait une vingtaine de pièces (inventaire de 1722).
Après le décès du dernier seigneur de Maubec, Louis II de Brancas- Villars, en 1793, il servira de carrière de pierres pour l’édification d’une partie du vieux village tel qu’il se présentait en 1914.

En 1564 et 1580, curieusement, dans les quatre villages, Cabrières, Ménerbes, Oppède et Maubec, situés en dehors de la ligne de défense (mur de la peste) édifiée pour se protéger de l’épidémie, « Le mal contagieux » voulut bien « n’y pas pénétrer« . Bien qu’épargné par la maladie, la Communauté de Maubec contribuera aux dépenses afférentes à la construction du mur.

En 1724, le Parlement de Maubec décida de rebâtir le clocher démoli 13 ans plus tôt en raison de sa vétusté. La Révolution et le rattachement du Comtat Venaissin à la France (1791) semblent se passer sans trop de heurts.

Le milieu du XIXe siècle voit la continuation d’un phénomène
amorcé sous l’Ancien Régime : l’abandon progressif du vieux village et la création d’établissements dans la plaine qui annoncent le rôle majeur qu’est amené à jouer le hameau de Coustellet dans la vie de la commune.
Les habitants, dont le nombre était passé de 626 en 1846 à 402 en 1906 (comme à la fin du XVIe) ont essaimé progressivement dans la plaine, et leurs habitations abandonnées, bientôt privées de leur toiture, se sont effondrées sur elles-mêmes. Leur vente fut décidée au début des années l 960. Les constructions actuelles, entre le Beffroi, ou tour de l’horloge, et l’ancien château, sont toutes modernes. Celles qui sont de l’autre côté du Beffroi, dont ce qui fut la chapelle des Pénitents blancs, sont des témoins plus fidèles du passé.

Naissance du hameau de Coustellet

Au début du XIXe siècle, le quartier de Coustellet, en bordure de ce qui deviendra la N100, est vierge de tout habitat et est exclusivement dédié aux cultures, ainsi qu’en témoigne le cadastre napoléonien de la commune ( 1833).
Il faut attendre la fin du XIXe siècle pour voir la gare s’installer et amorcer la croissance de ce quartier.
Au début du XXe siècle, la réalisation de trois projets ambitieux signe la victoire du choix de ce site de carrefour : la construction de la coopérative vinicole de Maubec-Gare(1923), destinée à tirer le meilleur parti de l’arrivée du chemin de fer est suivie, deux ans plus tard, par celle de la coopérative vinicole du Luberon (1925) et par celle enfin de la distillerie coopérative (1935).
Les deux premières coopératives ne disputent à celle de Bonnieux (bâtie en 1921) que deux années pour être comptées comme les plus anciennes du département de Vaucluse.

Le « déperchement » des Maubecquois trouve en quelque sorte son aboutissement « officiel » en 1928, lors de l’édification de la mairie actuelle.
Du village primitif, puis du bourg dans la plaine, le développement économique s’est déplacé sur le quartier de Coustellet et la desserte ferroviaire du PLM, à la fin du XIXe siècle, proche de la N 100 (ex via domitia romaine), fut déterminante dans son remarquable essor.
Du reste, c’est à Coustellet que prend place un des évènements les plus tragiques de l’histoire communale, connu sous le nom de « bataille de Coustellet » : le 19 août 1944